andata . ritorno    laboratoire d'art contemporain

Bruno de Angelis

« La Seduzione »

Tribune de Genève du mardi 26 avril 1983

Bruno De Angelis :

la dimension caramélisée

Il arrive parfois qu’une comète entre dans l’atmosphère avec une fulgurance qui confond les antipodes, instant d’arrêt et de vérité fictionnelle qui nous apprendrait par exemple que même les étoiles sont fausses. Que faire désormais, sinon se persuader non sans inquiétudes que nous sommes entrés dans l’ère du « cosmétique total » ? L’apparence, telle un simulacre d’elle-même, retrouverait une énergie provocatrice et parfaitement réelle. C’est l’arme suprême et d’une incontournable ironie.

Une sorte de grammaire

et de mémoire plurielle

de la référence

Les « objets candis et lieux sublimes » d’Angelis convoquent une sorte de grammaire et de mémoire plurielle de la référence. Qu’ils soient complices du futurisme par le mouvement ou certaines décompositions de l’espace, voisins du « design » par les arêtes ou l’insertion de la lumière, plus parfaits qu’un artisanat oriental, en même temps avec parodie sculpturale de l’architecture domestique ou encore rébus aéronautiques investis par le décor d’opéra, nous ferait craindre la surcharge. Mais la subtilité de ces « objets » tient de la démesure, qui est double dans ce cas. D’abord ils parviennent toujours à se tenir hors de l’analogie et paradoxalement l’excèdent de l’intérieur. C’est un jeu de contamination à haute vitesse qui finit par un désamorçage. Pourtant les « candis » apparaissent plus futuristes que le futurisme, plus « ameublants » que des meubles, plus ironiques que le scintillement laqué. Leur degré d’illusion, leur ensorcellement maniaque les rend « invraisemblables » et diaboliques.

Une mise en scène

qui déjoue la théâtralité

La notion d’ « hétérotropie » à laquelle il est fait allusion implique une mise en scène qui déjoue la théâtralité, ici, une façon de demeurer dans l’idée de « plateforme » ou de « rampe absurde », slalomer dans l’histoire pour y maintenir une distance, c’est-à-dire un vide précieux, la détonation. En somme « sublimes » sont les lieux où cette sculpture porte les prismes et ses membranes peintes, ses élytres polychromes, la chute des reins de Shéhérazade émondée du satin. Rien n’y fait, si les maquettes de « 2001, odyssée de l’espace » sont sidérales, les objets d’Angelis s’impriment tous seuls sur la pellicule, impossibles de métaphores. Ce sont des vaisseaux fantômes qui semblent regarder en nous plus loin que nous ne pourrions le faire. Ils inquiètent leur propre silence et y prennent le large.

Patrick WEIDMANN

Galerie Andata-Ritorno, jusqu’au 8 mai.

Mar-ven, 17-20h., sam 14-16 h.

 

Bruno de Angelis

« La Seduzione »

Legno compensato di pinto, plexiglas, luce al nyon, 92 x 80 x 56,5cm, 1983

photo : B.M. Angelis

 

 

Bruno de Angelis

« La Seduzione »

Legno compensato di pinto, plexiglas, luce al nyon, 92 x 80 x 56,5cm, 1983

photo : B.M. Angelis

 

 

Bruno de Angelis

« La Seduzione »

Legno compensato di pinto, plexiglas, luce al nyon, 92 x 80 x 56,5cm, 1983

photo : B.M. Angelis

 

 

Bruno de Angelis

« La Seduzione »

Legno compensato di pinto, plexiglas, luce al nyon, 92 x 80 x 56,5cm, 1983

photo : B.M. Angelis

 

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L’HEBDO – 28 avril 1983

ART

CONTEMPORAIN

Monuments du futur

Les Russes vont envoyer sur orbite un gâteau géant à la framboise. Les américains posent une meringue Chantilly sur la Lune et les planètes hoquettent d’indigestion. Cette conjoncture astronomique, astrologique et gastronomique influence l’évolution des arts. Avec ses « objets confits et lieux sublimes «, Bruno de Angelis prouve que l’ironie fait bon ménage avec le beau, la bienfacture de l’objet avec le dérisoire, la pratique futuriste avec l’instant présent. Ses objets monumentaux, sorte de sculptures polychromes, suggèrent des décors de science-fiction, des avant-projets pour un mobilier futur, des totems pour monuments aux rescapés de conflits nucléaires, des concerti pour violons cézanniens et design des années soixante.

L’artiste italien, fou de perfection, travaille le bois laqué et le plexiglas avec une audace de l’imaginaire à faire danser la gigue aux pianos de concert. A l’heure où la trans-avant-garde et les émules du critique italien Achille Bonito Oliva tiennent le haut du pavé des marchés italiens, Bruno de Angelis reste à l’objet éclatant d’histoire et de santé. A la gloire du confit et du sublime, ces monuments témoins de nouveaux rituels éclairent de leurs spots colorés une scène à l’italienne où les ossements de Goldoni transmués en plastiques imputrescibles font la cour à des colombines nées sur la planète Mars.

C.-F. B.

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