andata.ritorno laboratoire d'art contemporain
Joseph Farine
"Painting is an other way of loving"
Carton d'invitation, portraits, 2011
Le thème du portrait a été choisi pour marquer le trentième anniversaire d’Andata Ritorno de par le fait qu’il a l’avantage de créer la possibilité de la notion d’hommage.
La série Painting is an other way of loving fait allusion, entre autres, au style pictural des portraits d’Andy Wharhol. Artiste fondamental d’une époque, Wharhol est un des rares artistes dont on peut dire que s’il n’avait pas existé, il aurait manqué quelque chose a une civilisation. Les Etats-Unis ne seraient peut-être pas ce qu’ils sont si celui-ci n’en avait fait le témoignage hyper lucide que l’on sait.
J’ai suppléé le système mécanique de la sérigraphie par une traduction graphique faisant référence au balayage électromagnétique de l’écran cathodique. De même les fonds sont travaillés dans des dégradés romantiques alors que l’artiste américain les réalisait dans une version gestuelle et expressionniste ou en aplats.
Avant toutes choses, mes portraits sont des hommages à différentes personnalités, collectionneurs, homme politique, journaliste, collègues galeristes qui ont accompagné où soutenu l’histoire de la galerie Andata Ritorno au cours de ces 30 ans d’activités. Comme on dit un être habité, j’ai souhaité que, par cette démarche, cet espace soit aujourd’hui habité par des acteurs de la vie de ce lieu.
Cette série a commencé en juillet 2010 par le portrait de mes enfants, annonçant ainsi d’emblée le parti pris sentimental de cette pratique picturale. Postulat conceptuel aux antipodes de Wharhol, qui s’est déclaré dès ses débuts « artiste commercial qui finirait homme d’affaires ».
Cette exposition personnelle est également un autre témoignage de ma pratique de galeriste toujours positionnée dans l’identité d’artiste.
Emanuela Lucaci, quand à elle, a travaillé dans son écriture picturale propre cette thématique du portrait, avec le choix de personnes, connues ou intimes, correspondant à sa mythologie personnelle. Cette double exposition est née du hasard d’une rencontre, il y a une année, sur ce thème commun.
Joseph Farine
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Un Portrait de Joseph Farine
«De quelque côté qu’on aborde les choses, le problème dernier se trouve être en fin de compte celui de la distinction : distinction du réel et de l’imaginaire, de la veille et du sommeil, de la connaissance et de l’ignorance, etc., toutes distinctions en un mot dont une activité valable doit se montrer la prise exacte de conscience et l’exigence de résolution. Parmi les distinctions, aucune assurément, n’est plus tranchée que celle de l’organisme et du milieu [...] Aussi convient-il d’observer [...] l’ensemble des faits connus sous le nom de mimétisme.»
Roger Caillois*
"Style is a fraud. I always felt the Greeks were hiding behind their columns."
Willem de Kooning
"EXIT les droits d'auteur."
"...la vraie question est de s'inscrire dans la vie."
Joseph Farine
Les caméléons répondent aux changements de la lumière, de la température et de l'humeur en changeant de couleur.
Les directeurs artistiques y répondent en changeant d’expositions.
Comme un serpent quitte
sa vieille peau, l'espace qu’ils dirigent est une nouvelle fois, et à chaque
fois, brillant, resplendissant de nouvelles propositions.
Durant trente ans, Andata / Ritorno fut ainsi un véritable laboratoire, ouvert aux tendances les plus divergentes de l'art contemporain, un espace reflétant l'ouverture et la cohérence – ainsi que les stricts critères sélectifs – de Joseph Farine, son directeur artistique. Mais les directeurs artistiques peuvent avoir une vie secrète, qui va au-delà de leur vie symbiotique avec leur espace, et c'est sans aucun doute le cas de Joseph Farine.
Le style conçu comme la source de toute créativité fut un mythe persistant, qui atteignit son apogée avec le romantisme et les concepts de génie et d'originalité. Le style semblait alors irradier à partir du cœur même de l’artiste, pensé comme être unique. Aujourd’hui, évidemment, un siècle ou deux plus tard, nous sommes devenus méfiants à l’égard du style, l'originalité a reflué vers ses origines, et le romantisme serait sur le déclin… mais l’est-il vraiment ?
Tout comme, au début de l'adolescence, chacun endosse et rejette tour à tour différentes personnalités – enfant une minute, adulte l'autre – les artistes accueillent et rejette différents styles tout au long de leur vie. Certains, comme Rothko, qui passa du symbolisme surréaliste à l'abstraction pure, dénigrent un jour amèrement leurs vies passées ; d’autres, comme Philip Guston, qui passa de l'abstraction à une sorte de répertoire des formes de la bandes dessinées vers la fin de sa vie, ou comme Paul Cézanne, qui abandonna ses fantasmes érotiques pour scruter son environnement direct, tournent au contraire résolument la page et transforment leur regard sans autres commentaires.
Quoi qu’il en soit, le style est une stratégie.
Et le style de Joseph Farine est une stratégie mimétique.
Beuys, Georges Rémi (Tintin), Ben, voilà quelques-uns des artistes clés dont Joseph Farine a mimé les stratégies au cours des ans pour réaliser un œuvre très intime, à la fois autobiographique et secrète. Un exemple : si On Kawara, avec ses Date Paintings, choisi de peindre, en lettres blanches sur fond de couleur solide, la date du jour auquel il réalise la peinture, dans un acte mimétique direct Joseph Farine a «personnellement » peint, selon les mêmes données plastiques, chacune des dates de naissance de ses fils, ainsi que la date de l’Anniversaire de l’art proposée par Robert Filliou.
En dissimulant son travail derrière celui d’autres artiste, Joseph Farine se déguise donc à sa guise, ce qui lui permet d’être pleinement sensible, émotif même, et d’exprimer ce qui lui est le plus cher tout en évitant habilement le piège de la sentimentalité déclarée.
Cette fois, il s’est adjoint Warhol, afin de s'attarder sur les visages de ceux qu'il aime et qui comptent dans sa vie – André L'Huillier, l'ami collectionneur, grand mécène, décédé en 1998 ; Etienne Dumont, le critique d'art genevois (qui a fait un chef-d’œuvre du tatouage de son propre corps); Léo et Paul, ses deux fils – par des images aussi contrastées que des photocopies Xerox sur des fonds peints à la Warhol. Ces portraits ne sont que des échos lointains des sérigraphies de Warhol des célébrités publiques hyper-médiatisées, mais ils sont merveilleusement proches du monde privé – de la source vitale – de Joseph Farine.
June Papineau et Alain Julliard (trad.)
Genève, 2011
*Mimétisme et psychasthénie légendaire, Minotaure 7, Paris 1935.
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LE TEMPS - 6 octobre 2011
L'aspect promotionnel et expérimental est essentiel, insiste le galeriste
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A Portrait of Joseph Farine
"From whatever side one approaches things the ultimate problem turns out in the final analysis to be that of distinction: distinctions between the real and the imaginary, between waking and sleeping [...] Among distinctions, there is assuredly none more clear-cut than between the organism and its surroundings [...] so it is worthwhile to observe [...] all the facts that come under the heading of mimicry."
Roger Caillois *
"Style is a fraud. I always felt the Greeks were hiding behind their columns."
Willem de Kooning
"EXIT les droits d'auteur."
"...la vraie question est de s'inscrire dans la vie."
Joseph Farine
Chameleons respond to changes in light, temperature, and mood by changing color. Artistic directors respond by changing exhibitions. Like a serpent shedding a dusty skin, the space they conduct is once again, and over and over again, shiny and resplendent with new propositions.
For thirty seasons Andata/Ritorno has been a laboratory for widely divergent tendencies in contemporary art, reflecting the openness, within a strict criterion of coherence, of its artistic director, Joseph Farine. But artistic directors may have secret lives that go beyond their symbiotic lifestyle with their space, and that is certainly the case of Joseph Farine.
Style as the wellspring of creativity is a persistent myth that reached its apogee in Romanticism along with the concepts of genius and originality. Style would seem to bubble up from the core of one's artistic being. But now of course, a century or two later, we've grown suspicious of style, originality has retracted to its origins, and romanticism is on the wane... or is it?
Much as in early adolescence, one dons and discards personalities, a child one minute, an adult the next, artists don and discard styles throughout their lifetime. Some like Rothko, who passed from surreal symbolism to pure abstraction, bitterly denigrate their past lives, or, like Philip Guston who went from abstraction to a kind of comic book repertory of forms late in life, or Paul Cezanne who left behind his erotic fantasies to scrutinize his direct surroundings, without much comment resolutely turn the page and redirect their gaze.
Finally, style is more of a strategy, and the style of Joseph Farine is a strategy of mimicry.
Beuys, Georges Rémi (Tintin), Ben, are just a few of Joseph Farine's key artists whose strategies he has mimed over the years to produce extremely intimate, autobiographic, "secret" works of his own. If On Kawara in his Date Paintings chose to paint the date on which the painting was executed in plain white letters on a solid background, Joseph Farine, in a direct mimicry of On Kawara, "personally" painted the birthdates of his sons, as well as the date of "Art's Birthday" proposed by Robert Filliou.
In dissimulating his work behind others, Joseph Farine takes on various disguises, which give him free rein to be fully emotive and to speak of what is most dear to him while skillfully averting the trap of overt sentimentality. This time around he has bonded with Warhol in order to dwell on faces of those familiar and dear to him. Andre L'Huillier, his friend and a great patron of the arts; Etienne Dumont, a well known Geneva art critic (who has carried out a masterwork of tattooing on himself); Leo et Paul, his sons... in images as highly contrasted as Xerox copies, on painterly Warholian backgrounds; these portraits may be distant echoes of Warhol's silk-screened public and publicized celebrities, but oh, how wonderfully close they are to the private world, the wellspring of Joseph Farine.
June Papineau
Geneva, 2011
*Mimétisme et psychasthénie légendaire, Minotaure 7, Paris 1935.
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Portrait d’André L'Huillier, 2011, Technique mixte sur toile, 100 x 100cm
Portrait d’Etienne Dumont , 2011, Technique mixte sur toile, 100 x 100cm
Portrait de Manuel-Tornare, 2011, Technique mixte sur toile, 100 x 100cm
Portrait de Philippe-Nordmann , 2011, Technique mixte sur toile, 100 x 140cm
Portraits de Léo-Paul-Farine , 2011, Technique mixte sur toile, 100 x 100cm
Portrait de David-Brolliet , 2011, Technique mixte sur toile, 100 x 100cm
Portrait d'Edward-Mitterand , 2011, Technique mixte sur toile, 100 x 100cm
Portrait de Pierre Hubert, 2011, Technique mixte sur toile, 100 x 100
vue d'exposition
vue d'exposition
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A l'occasion du 30ème anniversaire de la galerie
Exposition du jeudi 15 septembre au samedi 22 octobre 2011
Vernissage dans le cadre du quartier des bains jeudi 15 septembre 2011 à 18 heures
andata.ritorno
laboratoire d'art contemporain
37, rue du Stand, 1204 Genève, Tél. 022 329 60 69
Ouvert du mercredi au samedi de 14.00 heures à 18.00 heures
Avec le soutien du Département de la culture de la Ville de Genève
http://www.andataritornolab.ch
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