LETTRE A MON JARDIN

 

Dans mon contact au monde, je jouis d’une nature prompte à la jubilation.

 

Mon travail artistique peut se définir ainsi: j’explore des lieux, je mène enquête.

Ce qui m’intéresse dans un lieu, c’est ce qui permet la coexistence simultanée de la séquence et de la continuité, la façon dont s’articulent entre eux ses composants fondamentaux.

La notion d’articulation est à prendre ici au sens morphologique : ce qui lie des morphèmes/segments différents par nature tout en permettant à la fois le mouvement et l’unité de la diversité.

Il en résulte des inventaires, des suites qui forment corps à leur tour.

 

Ainsi LETTRE A MON JARDIN est un tout séquencé en 170 feuillets.

Le lien entre eux est créé par une unité de temps et de forme.

 

Il y avait

-                     La jubilation et moi, d’une part, mon humanité en quelque sorte (c’est elle essentiellement qui est le lieu de mes enquêtes)

-                     Et le monde, soit l’espace et le temps, d’autre part.

 

J’avais le désir / l’intention artistique d’explorer l’articulation entre ces deux termes.

 

J’ai défini mon jardin, le potager et ses alentours, comme MONDE.

En me posant en totale disponibilité face à ce monde, j’ai laissé surgir la jubilation et, dès lors qu’elle se manifestait induite par la couleur d’un instant, j’ai capté les nuances de ce point focal.

 

Dans ces aquarelles, le point, l’instant où le pinceau se pose, dit le quoi.

Le geste qui s’étire en une ligne dit ma réponse à ce cadeau de lumière et de jubilation, mais il révèle également les nuances contenues dans la couleur intense, ses fines variations. Dans ce geste unique, radical et répété indéfiniment durant près de deux ans, il y a un constant aller-retour, un tissage de moi dans les fils du monde. Je me retrouve jouant ma partition dans un espace-temps au même titre qu’une plante, je participe du monde : l’unité a été plus forte que la séquence et domine tout ce travail car le temps qui passe et celui qu’il fait se sont fondus dans la dimension TEMPS du monde.

 

Si, par son procès, ce travail est de nature sensible, il s’appuie cependant sur une réflexion qui m’a permis de lui donner la forme la plus dense possible, un cadre circonscrit. Tout le processus de LETTRE A MON JARDIN est sous-tendu par la même logique d’écoute, c’est elle qui a défini la forme de cette exposition.

 

Dans la première pièce, le potager (lieu le + humain), dans la seconde pièce, le contexte dans lequel s’épanouit le potager (le + sauvage).

Le foisonnement est de l’ordre de la nature qui reprend ses droits sur l’ordre humain et je crois bien que c’est lui, ce foisonnement luxuriant, qui nourrit ma jubilation.

 

Mireille Mercanton-Wagnières

septembre 2009

 

 

Accueil  I  Historique   I  exposition à venir Artistes  I  Contact  I  Liens