andata.ritorno laboratoire d'art contemporain
A l'occasion du 30ème
anniversaire
un artiste emblématique de la galerie:
BERNARD MONINOT
" Silent - listen "
dessin dans l'espace et œuvres récentes
Exposition du 19 novembre au 22 décembre 2011
Vernissage dans le cadre du week-end "portes ouvertes"
19 novembre et 20 novembre 2011
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à Bernard Moninot
Comme un
fil tendu par la pensée
Le silence ne téléphone jamais.
Léo Ferré
Il est des vecteurs tendus,
invisibles, qui sont parfois le tissage, la texture d’amitiés d’abord
clandestines et qui finissent
par se préciser dans cet entrebâillement finalement commun, qui fait une
certaine peuplade, plus ou mois publique, plus ou moins visible ou visitée, qui
s’appelle le monde de l’art contemporain.
Je t’ai connu Bernard par notre
ami commun Jacques Monory, en 1991. Notre première rencontre eut lieu à
St-Germain-des-Prés. Ce St-Germain-des-Prés peuplé d’affinités historiques et
philosophiques infinies. Ce St-Germain « qui brille dans nos cœurs comme luit
cette étoile » .
Ce St-Germain de Léo Ferré
« Ecoute, écoute dans le silence de la mer, il y a comme un balancement
maudit qui vous remet le cœur à l’heure … ». Et celui d’Aragon qui, pour
illustrer un passage de Blanche ou l’oubli , très sensible au
dépouillement des intérieurs et des draperies que tu as peint dans la années 70,
renonça à un projet initial et choisit une œuvre de toi. « Ce devait être un
dessin de Delacroix, qu’en dernière heure j’ai résolument remplacé par un autre
dû à un très jeune artiste, Bernard Moninot, dont je veux signaler par ce choix
et cette substitution à quel niveau mon jugement le place. »
Dès la connaissance de ton
œuvre, Bernard, j’ai d’emblée adhérer à la finesse de ta vision et la subtilité
de tes recherches. La discussion avec toi était toujours un laboratoire d’idées
et voilà que nos affinités aboutissent aujourd’hui à notre huitième
collaboration, ta quatrième exposition personnelle à la galerie, une
participation à Art Basel en 1992 et trois expos collectives sous le titre de
« L’enfance de l’art » sur les thèmes de l’ombre, la lumière, le reflet,
éléments basiques de la vision et bases non moins sûres de ton œuvre. C’est
peut-être cela, ta singularité, Bernard, cette manière de travailler sur des
éléments essentiels et d’en faire des propositions délicates dans tes
déclinaisons par séries jusqu’à cette prestation actuelle « Silent-listen »,
où tu convoques paradoxalement le monde du silence pour nous le faire entendre
dansle domaine de la vision. Il est vrai que les yeux sont la seule partie du
corps qu’on ne peut toucher tactilement, pourquoi le son n’irait pas se faire
voir ailleurs que dans son absence d’entité visuelle.
Notre connivence s’est élaborée
sur le champ plastique du praticien singulier de dessin que tu es, en ayant
élaboré une place particulière, spécifique et sans concession dans le paysage de
la contemporanéité. Je partage avec toi ce goût d’une différence frondeuse mais
désirante de générosité.
Aujourd’hui, tel un Spiderman
électrique et élégant de la graphie, tu tends des fils dans l’espace en poussant
l’équilibrisme jusque dans une tension physique du matériau, à son comble.
Nous sommes de la même
sensibilité, Bernard, nous savons que le goût de la recherche de toute vérité
passe le chemin extrême de la fragilité. Nous sommes les enfants de cette
Renaissance toujours à refaire dans une invention de perspectives toujours à
redéfinir. Nous sommes les points de suspension d’une phrase dont nous ne
voulons pas connaître la fin, par haine de toute conclusion. Nous sommes les
tributaires d’une écriture et d’une peinture toujours à réinventer, comme
l’amour.
Si je t’écris pour la première
fois, Bernard, après vingt ans de collaboration, je mets un défi à l’auto
censure que j’ai choisi pendant tout ce temps, sachant que de très grands l’ont
fait : Louis Aragon, Bernard Noël, Jean-Christophe Bailly.
Quant à moi, mon rapport à
l’écriture est de l’ordre de la parcimonie et de la vitesse, en héritier de
Duchamp, qui la pensait cette vitesse , dans les prémisses du Grand verre, en
1912 sur la route Jura-Paris , (les lieux où tu habites par ailleurs), à la
droite de Francis Picabia au volant de la Bugatti, avec Apollinaire, de retour
de chez Gabrielle Buffet-Picabia.
Je traverse l’écriture, en
fraude, sans respecter les transactions stylistiques.
Je traverse l’écriture comme je
traverse mon goût du dessin, vite, mais dans l’extrême désir de connaître,
pénétrer et assumer le prix de l’accession à la valeur de l’invisibilité avec la
conscience du poids de toute inévitable matérialité.
Je traverse ma passion des
images comme on traverserait un passage clouté, mais de préférence, et de
manière calculée, dans le risque, en méprisant la couleur des feux.
Je traverse la création dans le
bonheur renouvelé du partage, la joie de donner et de recevoir dans
l’aller-retour de la pensée, de l’émotion et de la sensation.
Je traverse l’art comme un
amoureux transi, mais aussi dans la pleine conscience que la validité de son
sentiment n’a d’égal que la lucidité de la nécessité de la fragilité de
celui-ci.
Joseph Farine
Novembre 2011
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Beaux-arts
mardi22 novembre
2011
Moninot dans la chambre des rêves
Par Laurence Chauvy
L’artiste français fait résonner le silence dans une exposition au
Laboratoire d’art contemporain de Genève.
Lorsqu’il évoque le superbe travail dont le montage lui a demandé une
bonne semaine, Bernard Moninot recourt à des formules qui lui sont
chères telles que le dessin dans l’espace (et non l’installation) et
l’écoute du silence. Et de fait l’œuvre exposée s’apparente à un
spectacle. Un spectacle qui «tiendrait» sans le recours à des acteurs,
au mouvement, au son. Où les ombres, suivant les variations de la
lumière du jour, les reflets, la mise en évidence d’un élément,
joueraient à la fois le rôle de moteur de l’intrigue, de figurants et de
décor.
Suite à un rêve, l’artiste français a eu le désir de visualiser une
notion qui relève plutôt du domaine de la musique, et de son absence: le
silence. Rien de plus facile, en apparence, que de procéder à cette
évocation par les moyens de la négation: soit de recourir à des objets
dappartrenant au registre musical, des diapasons agrandis, des bandes
magnétiques, des cordes de piano, des cymbales, tous ces producteurs de
sons qui, muets, semblent incarner le silence. Des formes, «sonogrammes»
constitués d’armatures métalliques sur lesquelles a été tendue de la
soie, ajoutent, du fait de leur nature semi-translucide, à la notion de
calme et de silence. Ainsi la synesthésie est-elle atteinte…
Mais parler de négation est inapproprié: le silence, ici, a une
qualité propre, une force d’expression, une beauté. Beauté inhérente à
l’étoilement de filins, au rapprochement des bocaux de verre et du U
gracieux des diapasons, au caractère ouvert de cette grande cage sans
parois dont le silence, à tout moment, peut s’envoler. «Dans ce rêve,
raconte Monino, je visitais l’atelier d’un artiste inconnu, dont les
œuvres étaient étonnantes, il réalisait des sculptures de silence, mais
rien n’était visible, sauf un ou deux détails particuliers dont je me
suis souvenu par la suite.»
Ces souvenirs oniriques adoptent également la forme d’un dessin
raffiné et aéré, baignant dans le blanc, ou un bleu de ciel infini…
«Bernard Moninot: silent-listen, dessin dans l’espace» .
andata.ritorno, laboratoire d’art contemporain, rue du Stand 37, Genève.
Me-sa 14-18h. Jusqu’au 22.12.
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http://www.andataritornolab.ch
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